Réinventer la roue dans le marché du pneu
Hélène Baril - La Presse.
Vendre des pneus n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Personne ne le sait mieux que Nicolas Touchette et Frédéric Bouthillier, qui, malgré leur jeune âge, ont déjà plus de 20 ans d’expérience dans le caoutchouc. Les deux associés, amis depuis l’école maternelle, travaillent en quelque sorte à réinventer la roue. Et ils ont fait un bon bout de chemin depuis l’entrepôt de pneus fondé par le père de Nicolas en 1979 dans une ancienne boulangerie de Villeray.
« C’est André, mon père, qui a décidé de se lancer dans la distribution dans les années 90 et c’est lui qui nous a encouragés à innover », dit le fils en entrevue avec La Presse.
Son ami Frédéric, avec qui il avait passé ses samedis et ses vacances d’été à vendre et à installer des pneus, a embarqué et c’est lui qui a développé ce créneau.
À Montréal, le paysage était en train de changer, rappelle Frédéric Bouthillier. « J’ai vécu la conversion de garages en dépanneurs. Soit le garage devenait un dépanneur, soit le terrain était vendu pour construire des condominiums. Alors on vendait de moins en moins de pneus dans les garages ».
Pour ne pas disparaître, il fallait changer. Le Groupe Touchette s’est tourné vers les concessionnaires automobiles, qui étaient déjà des clients, pour établir avec eux une autre sorte de relation d’affaires. « On a signé notre première entente nationale avec Volvo Canada », relate Frédéric Bouthillier. Les autres – Volkswagen, Toyota, BMW – ont suivi.
Le Groupe Touchette allait désormais fournir aux concessionnaires, sur demande, les ensembles de pneus pour équiper leurs voitures. « C’était une façon pour nous de prendre de l’expansion, sans investir, mais en utilisant les garages des concessionnaires, résume-t-il. On a amené notre expertise là. »
UN MBA EN 30 JOURS
Les relations avec les grands concessionnaires automobiles ont ouvert les horizons du Groupe Touchette. « On a découvert le Canada », résume Nicolas Touchette.
« On s’est dit : “Il est temps de sortir du Québec”. On a une expertise dans les pneus d’hiver et dans les concessionnaires automobiles. On a ouvert à Toronto et à Vancouver et c’est là qu’on s’est considérés comme un acteur pancanadien ».
— Nicolas Touchette, copropriétaire du Groupe Touchette
Le Groupe Touchette a actuellement 30 centres de distribution de Moncton à Vancouver.
En chemin, l’entreprise s’est frottée à un concurrent américain, Dealer Tire, qui avait des moyens beaucoup plus considérables. Avec succès. « On l’a racheté il y a deux ans », précise Frédéric Bouthillier.
La loi qui a rendu les pneus d’hiver obligatoires au Québec, en 2008, a donné un coup de pouce appréciable au Groupe Touchette. « On a dû apprendre à faire travailler les gens ensemble et à livrer rapidement. On est devenus experts en logistique, ce qui nous a donné un avantage concurrentiel pour notre expansion ailleurs au Canada », mentionne Nicolas Touchette.
Réaliser et intégrer des acquisitions qui permettent de doubler le chiffre d’affaires, ce que les deux jeunes entrepreneurs ont fait plus d’une fois, c’est formateur. « On a fait un MBA en 30 jours », dit Frédéric Bouthillier à propos de la première acquisition qu’ils ont menée à bien tout seuls.
Il a fallu oser. « On ne voulait pas prendre notre entreprise montréalaise et en faire une entreprise canadienne, explique Nicolas Touchette. C’est pourquoi on a créé une entité pancanadienne qui a ensuite absorbé notre entreprise régionale ».
« On s’est dit : “Il est temps de sortir du Québec”. On a une expertise dans les pneus d’hiver et dans les concessionnaires automobiles. On a ouvert à Toronto et à Vancouver et c’est là qu’on s’est considérés comme un acteur pancanadien ».
— Nicolas Touchette, copropriétaire du Groupe Touchette
Le Groupe Touchette a actuellement 30 centres de distribution de Moncton à Vancouver.
En chemin, l’entreprise s’est frottée à un concurrent américain, Dealer Tire, qui avait des moyens beaucoup plus considérables. Avec succès. « On l’a racheté il y a deux ans », précise Frédéric Bouthillier.
La loi qui a rendu les pneus d’hiver obligatoires au Québec, en 2008, a donné un coup de pouce appréciable au Groupe Touchette. « On a dû apprendre à faire travailler les gens ensemble et à livrer rapidement. On est devenus experts en logistique, ce qui nous a donné un avantage concurrentiel pour notre expansion ailleurs au Canada », mentionne Nicolas Touchette.
Réaliser et intégrer des acquisitions qui permettent de doubler le chiffre d’affaires, ce que les deux jeunes entrepreneurs ont fait plus d’une fois, c’est formateur. « On a fait un MBA en 30 jours », dit Frédéric Bouthillier à propos de la première acquisition qu’ils ont menée à bien tout seuls.
Il a fallu oser. « On ne voulait pas prendre notre entreprise montréalaise et en faire une entreprise canadienne, explique Nicolas Touchette. C’est pourquoi on a créé une entité pancanadienne qui a ensuite absorbé notre entreprise régionale ».
AMÉLIORER LES STANDARDS
Aujourd’hui, 60 % des revenus de l’entreprise viennent de l’extérieur du Québec. Sa plateforme numérique et logistique lui donne une longueur d’avance sur la concurrence. Sans se vanter, les deux associés pensent avoir amélioré les standards de l’industrie. « Notre délai de livraison a toujours été de trois heures, alors que c’était de 24 à 48 heures chez nos concurrents ».
Aujourd’hui, 60 % des revenus de l’entreprise viennent de l’extérieur du Québec. Sa plateforme numérique et logistique lui donne une longueur d’avance sur la concurrence. Sans se vanter, les deux associés pensent avoir amélioré les standards de l’industrie. « Notre délai de livraison a toujours été de trois heures, alors que c’était de 24 à 48 heures chez nos concurrents ».
Conserver cette avance est une priorité, qui a été confiée à une équipe dédiée au développement technologique. La croissance future en dépend parce que le monde continue de changer. L’entreprise a l’œil sur les clients de demain, qui seront par exemple les parcs de voitures en auto-partage.
VISER LA PREMIÈRE PLACE
Le Groupe Touchette est déjà le deuxième distributeur de pneus en importance au Canada. Il vise la première place, mais aussi une part de 20 % du marché canadien d’ici trois à cinq ans.
« On vise des acquisitions, mais aussi une croissance organique », précise Frédéric Bouthillier. Selon lui, le modèle d’affaires de l’entreprise, qui est de rendre la vie plus facile aux détaillants de pneus, peut encore la mener loin.
Un pneu, c’est toujours noir et rond, ajoute-t-il, mais c’est plus complexe que jamais. Les modèles, les dimensions et les types de pneus se multiplient, si bien que les acheteurs ont toujours besoin de spécialistes.
Le Groupe Touchette est déjà le deuxième distributeur de pneus en importance au Canada. Il vise la première place, mais aussi une part de 20 % du marché canadien d’ici trois à cinq ans.
« On vise des acquisitions, mais aussi une croissance organique », précise Frédéric Bouthillier. Selon lui, le modèle d’affaires de l’entreprise, qui est de rendre la vie plus facile aux détaillants de pneus, peut encore la mener loin.
Un pneu, c’est toujours noir et rond, ajoute-t-il, mais c’est plus complexe que jamais. Les modèles, les dimensions et les types de pneus se multiplient, si bien que les acheteurs ont toujours besoin de spécialistes.
Groupe Touchette
Entreprise familiale fondée en 1979
Siège social : Montréal
Nombre d’employés : 500
Chiffres d’affaires annuel : 500 millions
Forces
Expertise rare dans la vente de pneus
Activité relativement à l’abri des géants de la vente en ligne
Capacité d’innovation dans un secteur traditionnel
Défis
La croissance rapide fait pression sur les ressources de l’entreprise
Concurrence de la part de géants américains
Difficulté de recruter des talents, surtout de l’expertise numérique
Hélène Baril - La Presse
Édition du 6 juillet 2018
Section AFFAIRES, écran 7